Eclipse, une esthétique de la censure

film
digital
son (stéréo)
16'13
-
2018

produit par L'Ecole Supérieure d'Art et de Design Marseille-Méditerranée (ESADMM)

En collaboration avec Gwendal Sartre et Gilles Ribero



Il est de ces phénomènes qui n’altèrent rien que la lumière, et qui pourtant ont cet impact physique immédiat. Car pour le regardeur, il y a passage d’un corps sur un autre, le premier masquant les chairs du second. D’un point de vue strictement visuel, il y a même collision entre deux corps étrangers, d’où jaillit un éclat noir, comme étouffé, qui se répand imperceptiblement sur les choses, et bouleverse des repères qui étaient jusqu’ici familiers. L’éclipse reconfigure un rapport au monde, jusque dans ses respirations. Elle oblitère un corps trop brillant pour être soutenu du regard, et permet de s’y confronter, l’espace de quelques instants.

C’est en s’appuyant sur une somme de documentation autant visuelle que textuelle, empruntée au chercheur et archiviste Laurent Garreau et liée au cinéma français des années 1960 et 1970, que le film tisse sa toile. Celle d’un espace mental où censeur, images coupées et lettres officielles de fonctionnaires d’État dialoguent librement, dans une tentative de donner à ce legs et ces pratiques une prolongation poétique, ainsi qu’une réévaluation de leur portée morale et artistique.

Il est à voir comme un essai libre sur les gestes, les formes et les histoires que charrie la censure au cinéma.



Avec la participation de :
Éric Pasquiou (acteur), Franca Trovato (voix).

Documentation :
Archives secrètes du cinéma français – 1945-1975, Laurent Garreau, PUF, 2009

Interlocuteur :
Laurent Garreau, responsable du fonds audiovisuel du Centre National de Documentation Pédagogique et spécialiste de la censure dans le cinéma français des années cinquante à soixante-dix.